Dico Sans Queue ni Tête

A COMME ARMÉE FRANÇAISE

Organisation à vocation militaire qui, depuis Waterloo a entrepris une campagne de réorganisation permanente pour se préparer à riposter efficacement à une lâche attaque, façon Blücher.

A connu quelques succès qui ont remonté le moral des troupes, notamment en 1843 contre Abd-el-kader et sa smala. Les revers sur ce théâtre d’opérations sont venus plus tard. Verdun a été une réhabilitation sanglante mais glorieuse de Sedan et a rendu pour longtemps la France pétainiste.

Victorieuse, avec l’appui de quelques alliés, de la guerre froide, elle a montré, dans cette longue bataille héroïque gagnée sur un adversaire retors et surarmé, de quoi étaient capables, quand on leur en laissait le temps, ses troupes d’élite casernées en retrait sur tout le front de l’Est.

L’armée française, forte de ce succès, continue sa réorganisation perpétuelle, abandonnant enfin sa vieille stratégie qui lui a, certes, fait gagner quelques opérations de maintien de l’ordre dans des zones tribales où des clans familiaux rivaux se livraient à des rixes souvent sanglantes autour d’un héritage contesté, mais qui lui faisait surtout préparer la guerre qu’elle avait perdue quelque temps auparavant.

Rompant enfin avec cette détestable habitude, l’armée française a décidé de mettre ses forces en état de guerroyer. Elle s’y prépare avec une détermination, une efficacité qui le monde envieux n’aime pas admirer.

Sa force de dissuasion, atomique et peut-être même neutronique – on ne sait pas – et qui a fait trembler Green Peace, le seul adversaire qui a osé la provoquer et s’en est bien repenti, est aussi et surtout psychologique. Elle frappe, chaque année, le monde de stupeur le 14 juillet. La parade est grandiose. La plus belle avenue du monde est envahie par une armée à pied, à cheval de crins et à vapeur, rutilante d'or et d’argent, fringante, gaillarde, martiale. L’armée française fait son défilé d’été. Il attire la foule de badauds dont la tripe aime vibrer au son de la musique militaire. Il s’intercale – avec bonheur – entre les défilés des collections automne-hiver du printemps et ceux des collections printemps-été d’automne. Il me faut placer ici l’hommage que l’on doit à feu Léon Zitrone, mais aussi à monsieur de Villeneuve, deux commentateurs irremplaçables de cette festivité. Ils ont beaucoup fait pour le réarmement moral de la France. Ils alliaient une technicité parfaite à un entrain mâtiné d’heroic fantasy qui donnait à cette matinée du 14 juillet une résonance qui a sans doute motivé beaucoup de vocations soldatesques. La disparition prématurée de l’un, le limogeage regrettable de l’autre, ont sans doute quelques responsabilités dans les difficultés actuelles du recrutement.

Notre armée se réorganise donc pour gagner la bataille de demain. Elle a compris que le monde devenait virtuel, elle le devient, que tout doit être informatisé, elle se numérise. Elle pourra alors faire la guerre des étoiles. Nous savons qu’elle fait rage depuis toujours à l’état-major général, c’est un entraînement enfin bien venu. Le ciel est, certes, habité par des entités dont certaines sont bien connues et vénérées. Il faut surtout craindre les autres, celles qui viennent parfois nous voir en soucoupes volantes. Bien que leurs visites soient moins fréquentes il va arriver un jour où les vénusiens, les saturniens et autres galacticiens, énervés d’être bombardés par les débris de nos fusées vont se fâcher et riposter. Notre haut commandement s’y prépare. Il envoie, quand un crédit est débloqué, une estafette sur une navette russe ou yankee pour espionner l’espace. Cela servira à mettre au point les armes de défense rapprochée dont nous aurons besoin dans le corps à corps. L’âge des chars et des avions est en effet passé. Les mesures ont été sages. Il fallait arrêter de menacer de commander des Rafales pour former des escadrilles incapables de voler à deux fois la vitesse de la lumière ou de mettre en ligne des chars Leclerc dont le blindage se dissout comme sucre dans l’eau s’il est soumis au rayonnement kryptonique. Le jour où le ciel va nous tomber sur la tête, l’armée française sera prête à le sidérer. L’effet sera à la mesure de l’effort. 

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28/01/2014
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