Dico Sans Queue ni Tête

S COMME SI

Si court qu’il soit, il en dit long. Je sais répondre aux « si ». Exemples :

- « Si j’avais un marteau ». Moi : « Prenez celui-là, j’en ai deux » ;

- « Si j’étais riche ». Moi : « Ne regrettez rien, essayez de marcher avec une belle jambe en or » ;

- « Si j’avais le temps ». Moi : « lisez la Brièveté de la vie de Sénèque (GF Flammarion, 1244, 5,8€) vous gagnerez plusieurs vies » ;

- « Si j’avais su, j’aurais été moins con, j’aurais pris de bonnes décisions ». Moi : « Ne rêvez pas, c’est impossible, contraire à vos principes » ;

- « Si j’étais plus jeune ». Moi : « Toujours vous, je continue, vous feriez les bons choix, vous auriez mieux travaillé en classe, vous ne vous seriez pas marié à 20, fait des triplets à 21, vous seriez plus heureux, plus riche, pilote de fusée, plongeur de grand fond, chirurgien de l’âme, explorateur de l’invisible, oui, vous avez raison, vous connaissant comme je vous connais, je vous vois bien comme ça » ;

- « Si j’étais beau ! ». Moi : « Quelle chance que vous ne le soyez pas, voyez comme un laid se burine mieux qu’un tout beau et surtout pas de mauvaise surprise à craindre : un vieux beau ne se reconnaît pas » ;

- « Si vous m’aviez connu ». Moi : « Avant, je présume. Franchement, je ne regrette pas » ;

- « S’il en reste ». Moi : « Vous préférez ne pas en reprendre, comme je vous comprends. Moi, j’y suis obligé » ;

- « Excusez-moi, je vous ai interrompu, vous vouliez dire : «S’il en reste un, je serai celui-là », Bravo, joli plagiat de Victor Hugo dans son dernier vers de Ultima verba, des Châtiments. Je reconnais votre culture, votre grandeur d’âme et votre tendance à la masochismie car je vous sens prêt à le compléter, mirabeaulesque : « et je n’en sortirai que les baïonnettes aux fesses ».

Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, vous pouvez continuer.

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07/06/2013
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