E COMME ENVIE
Je pensais en parler un jour, rien ne pressait. Mais, sitôt venue, encore petite, insidieuse, elle s’installa dans un coin. Le lendemain elle était toujours là, silencieuse, mais présente, au point de devenir gênante. À l’évidence, elle s’incrustait, mais pas seulement, elle prospérait, s’étendait, prenait ses aises. On est arrivé à maintenant et, aujourd’hui elle perd patience, exige, revendique. Impérieuse, elle veut que son rêve devienne réalité. Pour avoir la paix, je vais l’expédier, cette maudite envie, quitte à la lui faire passer.
L’envie qui veut qu’on parle d’elle n’est pas cette petite tache à l’allure de fraise qui suffit à déparer un joli visage, mais de l’autre, qui est un désir souvent vulgaire, assez urgent pour se transformer en besoin et même en nécessité. Devenue une obligation, l’envie veut se satisfaire dans la minute, surtout si, physique, elle ne sait pas se retenir. Elle ne supporte aucun délai, même respectable. Elle en fait une question à réponse sur-le-champ. L’envie ne craint pas d’exagérer. Ce n’est pas son seul défaut. Elle a tendance à se répéter, à tomber dans l’habitude. L’envie devenue une addiction ne supporte plus l’abstinence. Ce qui était une espérance, à force d’aboutir a viré au cauchemar. Il vous habite, domine, abîme. Réflexion faite, il faut sélectionner ses envies, ne choisir que celles auxquelles on est capable de résister.