Dico Sans Queue ni Tête

Q COMME QUESTION

Plus que jamais, elle est à l’ordre du jour. Tout le monde s’en pose. Heureusement la question, n’a, dans notre pays, rien à voir avec celle que l’on posait dans les geôles du roi ou de monsieur Bush. Elle n’est qu’une interrogation posée sans haine ni violence à un interlocuteur a priori bienveillant.

Elle ménage des surprises qui doivent faire distinguer deux espèces de questions.

Il est des questions auxquelles il est impossible de répondre malgré le progrès de la science, Wikipedia et toutes les qualités du professeur Joyeux. Elles peuvent être :

  • météorologiques : quel temps fera-t-il à Ste Hélène le 17 octobre 2015, jour anniversaire du bicentenaire du débarquement de Napoléon sur l’île ?
  • existentielles : qui suis-je ?
  • essentielles : quel sera le prix de l’essence la semaine prochaine ?
  • économiques : quand la dette sera remboursée ?
  • politiques : Hollande tiendra-t-il ses promesses ?
  • théologiques : le Paradis est-il un endroit sûr et, subsidiairement, certain ?

Ce sont des questions auxquelles il est impossible de répondre. Elles permettent cependant des développements considérables. Elles doivent être posées à une espèce spécialisée dans la connaissance des mystères : ce sont les nouveaux philosophes.

Je me suis, quant à moi, après quelques vicissitudes, spécialisé dans les questions à réponse. 

La demande est forte, les gens se posant beaucoup de questions sur le passé, le présent et l’avenir. J’ai exclu, par principe, et parce que d’autres s’en occupent, les champions. Le dopage généralisé ne permet pas d’avoir des questions qui tiennent la route.

La question est une catharsis, un exutoire, une inquiétude qui peut aller jusqu’à l’angoisse : Aurai-je la bonne réponse ? On comprend la vertu thérapeutique que prend la réponse si elle est bonne. C’est à ce moment précis que j’interviens et, jusqu’à présent, avec un succès jamais démenti et une clientèle qui en a pour son dépassement d’honoraires. Je me rappelle mon premier consultant. « Docteur », attaqua-t-il, sitôt assis, en me regardant droit dans les lunettes : « ai-je l’air d’un con, oui ou non ?».

Comminatoire, le ton était celui de quelqu’un qui voulait avoir une réponse sans ambages. Mon coach m’avait entraîné à ce genre de questions et, plus particulièrement, à celle-ci. Fort d’une expérience acquise en bonne compagnie, j’étais particulièrement qualifié. Je n’attendis pas la fin du silence règlementaire pour sortir la réponse :

« Vous êtes pressé, moi aussi car vous n’êtes pas le seul con putatif que j’aie à traiter et je vais vous répondre » (comme ils font à Sciences Po, où j’ai animé un séminaire qui eut beaucoup de succès. Deux tours, trois mouvements soit : thèse, antithèse, synthèse. Je me rappelle son thème : comment ne pas répondre à une question posée par J.-P. Elkabbach ou par J.-M. Aphatie, mais noyer le poisson, sur le ton de la conviction la plus sincère).

« Ce ne peut-être qu’un con qui vous a traité de con. Un homme sensé aurait gardé son opinion in petto. Se connaissant lui-même mieux que quiconque, il savait de quoi il parlait, ce con. Spécialiste de la question et de la réponse, c’est un avis autorisé que je respecte mais estime à sa juste valeur ».

Je le voyais pâlir, il était temps de passer à l’antithèse.

« Mais vous doutez de votre connerie proclamée puisque vous êtes venu me voir. C’est là que vous faites la différence. Un vrai con ne doute pas et, surtout, de lui. Sûr et certain, il ne se posera jamais de question et donc n’attend pas de réponse quant à sa connerie éventuelle.

Pour conclure, soyez rassuré et mes honoraires, que vous réglerez à ma secrétaire, vont vous paraître légers. Vous n’avez rien d’un con, je vous le certifie. Vous pourrez montrer ce certificat qui en fait foi à votre détracteur. Vous n’êtes, vous n’avez jamais été le con qu’un con, un moment, a pu vous faire croire être ».

Voir partir le client revigoré, l’air conquérant, prêt à en découdre donne de grandes satisfactions et fait du questionneur comblé le héraut de son dé-conneur.

Cet exemple n’a été donné que pour montrer que, s’il est facile de poser une question, y répondre est très difficile. Vous saurez tout sur la réponse dès que je l’aurai trouvée…



18/03/2013
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